FABRICATION DES HOSTIES à L'ABBAYE N-D de Breteuil


Le texte qui suit est en grande partie inspiré d'un article du site: Histoire de Breteuil, Histoire de Breteuil d'hier et d'aujourd'hui.abbaye Notre dame de Breteuil aujourd'hui

Breteuil est une petite ville l'Oise qui compte aujourd'hui un peu plus de 4000 habitants. Entre autres monuments historiques, ont y trouve une abbaye, dont l'eglise fut c
onsacrée le 25 mai 1164, qui nous intéresse à cause de l'une de ses principales activités:  la fabrication des hosties. Un travail sacré à bien des égards qui nourissait et occupait la vie des moines tant spirituellement que matériellement. Les moines bénédictins s'y employèrent jusqu'au moment de leur départ et la fermeture définitive de l'église de l'abbaye  le 2 août  1791.

Pour la fabrication des hosties, Raoul, seigneur de Breteuil fit don  au XIIe siècle, de deux muids de froment aux moines de l'abbaye. Le contrat de donation passé entre lui et l’abbé Alvarède stipulait que cette céréale devrait scrupuleusement ne servir qu'à la fabrication des hosties et en aucun cas,  même en quantité minime servir  pour un usage profane, sous peine d’excommunication.

Avant la récolte de ces céréales beaucoup de prières étaient dites pour éloigner les malédictions possibles, comme la foudre, la pluie  et le vent qui couchent les blés dans les champs, calamités qui ruinaient  les efforts des moines. Au temps des Rogations, durant les trois jours précédant l'Ascension,
les processions se dirigeaient vers ces champs-là tout particulièrement, pour que les prières dites en commun attirent sur eux la bénédiction du ciel. (La procession des Rogations avait encore lieu à Breteuil, à  la fin des années 1940).

A la récolte, les plus beaux grains étaient patiemment et minutieusement triés manuellement, un à un, par les moines. Après cette restrictive sélection, le moment tant attendu de porter le blé au Moulin des Moines, était venu. (Moulin hydraulique appartenant à l'abbaye, depuis 1035. En effet, le comte de Breteuil Gilduin, qui avait fait rétablir l'abbaye, en fit don à l'abbé et aux religieux, pour assurer leur subsistance). Toujours avec beaucoup de recueillement, en procession derrière la châsse  contenant les reliques de Saint-Contantien, les moines et les villageois  accompagnaient le blé. Avec respect le meunier réceptionnait le grain et jurait sur les reliques "de ne commettre aucune fraude".Pour aller chercher la précieuse  farine, c'était encore une autre grande cérémonie. Sur le chemin du retour, la procession chantait des psaumes jusqu'à l'arrivée à l'abbaye.

Le pain azyme était fait dans la matinée, dans une atmosphère empreinte de dévotion. Breteuil avait de nombreuses sources. L'une d'entre elles, située près des prairies, appelée la fontaine du Gué-du-nil, donnait aux ecclésiastiques une eau claire et  légère  dont la pureté était réputée dans toute la région, et même au-delà.(Sous le règne de Louis XVI, le chancelier de France, Charles-Honoré de Barentin, seigneur d'Hardivillers, avait introduit sur la table royale, à Versailles, l'eau de Breteuil) L'appareil obtenu devait être d’une consistance homogène. Dans la pâte à pain d’autel de très faible épaisseur, des hosties de différents diamètres étaient découpées.


De quelle façon la pâte était-elle cuite ?
Moule à hosties France, seconde moitié du XIIIe siècle Fer Diam. 0,26 m : Pour produire les hosties nécessaires à l'eucharistie, on utilisa, à partir du IXe siècle au moins, des moules en métal. Ceux-ci sont formés de deux plaques ajustées à des tiges articulées en forme de pinces. On trouve le plus souvent des plaques rectangulaires qui permettaient de faire cuire plusieurs hosties à la fois, mais on trouve aussi des plaques circulaires où l'on pouvait réaliser une seule grande hostie. Les plus beaux moules étaient gravés pour produire un dessin en léger relief. Sur une face de ce moule, le Christ, au milieu des douze apôtres, montre ses plaies ; sur l'autre, des scènes de sa vie encadrent le Christ bénissant.
Dans le four du Jardin, qui appartenait aux religieux ou dans un moule, genre moule à gaufres. Les petites hosties étaient destinées aux fidèles ainsi qu'aux moines et les autres de diamètres légèrement plus grands, aux célébrants. Les hosties  non consacrées étaient gardées précieusement  dans la boîte à hosties et traitées avec tout le respect qui leur était dû.

Les hosties étaient destinées aux moines bien sûr mais aussi aux paroissiens de Breteuil, et à l'occasion de grandes fêtes ou de pèlerinages, aux fidèles de Rouvroy et de Tartigny qui se joignaient à eux. Les quantités fabriquées étaient relativement considérables, mais le stock cependant devait être renouvelé très souvent. En effet, il fallait surveiller constamment l’état des hosties non consacrées qui ne devaient surtout pas  se détériorer. Elles ne devaient ni se gonfler d’humidité, ni se dessécher. La recette ancestrale, selon les règles ecclésiastiques était  très simple et ne  consistait qu'en un mélange de farine de froment et d'eau pétris ensemble, sans levain ajouté.

               Au cours de la messe, au moment de la consécration, a lieu la transsubstantiation: le pain azyme  devenant alors le  corps du Christ. Comme aujourd'hui encore, les hosties consacrées étaient placées dans le ciboire pour la communion. D'autres étaient déposées dans l'ostensoir pour être exposées sur l'autel ou portées lors des nombreuses  processions; celles mises dans une custode étaient destinées à la communion des malades. Les autres, la réserve eucharistique, étaient placées dans un ciboire et ensuite enfermées dans le tabernacle sur l'autel. Autrefois, avant la construction des  tabernacles vers 1625-1635, le Saint-Sacrement était exposé  au-dessus de l'autel, suspendu à la crosse de l'abbé. Au XVIe siècle,  la crosse portait les armes de l'abbé commendataire, nommé par le roi François 1er,  Hippolyte d'Este, cardinal de Ferrare (1509-1572).  

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M
Wow hand picking each and every wheat grain is a very tiring job indeed. I guess that’s how things used to work in the olden ages. The finest wheat grains were then sent to the mill in the Abby.
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S
Merci pour cette "histoire" des hosties
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