Fête du Saint Sacrement ou Fête Dieu

Voici quelques textes de l'office de la fête Dieu, composés par Saint Thomas d'Aquin

 

Sainte fête du Saint Sacrement!

 

Collecte
Dieu, vous nous avez laissé sous un Sacrement admirable le mémorial de votre passion : accordez-nous, nous vous en prions, de vénérer les mystères sacrés de votre Corps et de votre Sang ; de manière à ressentir toujours en nous le fruit de votre rédemption.

 

Sermon de saint Thomas d’Aquin.

 

Les immenses bienfaits de la divine largesse accordés au peuple chrétien lui confèrent une dignité inestimable. Il n’est point, en effet, et il ne fut jamais de nation si grande, qui eût ses dieux s’approchant d’elle comme notre Dieu est près de nous [32]. Le Fils unique de Dieu, voulant nous faire participer à sa divinité, a pris notre nature, afin que, fait homme, il divinisât les hommes. En outre, tout ce qu’il avait pris de nous, il le livra pour notre salut. Car son sang, il l’a, pour notre réconciliation, offert comme victime à Dieu son Père sur l’autel de la croix ; son sang, il l’a répandu tout à la fois et comme le prix de notre liberté, et comme le bain sacré qui nous lave, afin que nous fussions tout ensemble rachetés d’un misérable esclavage et purifiés de tous nos péchés. Mais, afin que nous gardions à jamais en nous la mémoire d’un si grand bienfait, il a laissé aux fidèles, sous l’apparence du pain et du vin, son corps pour être notre nourriture et son sang pour être notre breuvage.

 

O festin précieux et admirable, salutaire et plein de toute suavité ! Que peut-il y avoir en effet de plus précieux que ce festin dans lequel on nous offre à manger, non la chair des veaux et des boucs, comme jadis sous la loi, mais le Christ, vrai Dieu ? Quoi de plus admirable que ce Sacrement ? En lui, en effet, le pain et le vin sont changés substantiellement au corps et au sang du Christ, tellement que le Christ, Dieu et homme parfait, est contenu sous l’apparence d’un peu de pain et d’un peu de vin ! Il est donc mangé par les fidèles sans être aucunement mis en pièces ; bien plus, si l’on divise le Sacrement, il demeure entier sous chacune des parties après la division. Les accidents subsistent dans sans leur sujet ou substance, afin que la foi ait à s’exercer, alors que l’on reçoit invisiblement ce corps, visible en soi, mais caché sous une apparence étrangère ; et afin que les sens soient préservés d’erreur, eux qui jugent d’accidents dont la connaissance leur appartient.

 

Aucun sacrement n’est plus salutaire que celui-ci ; par lui les péchés sont effacés, les vertus s’accroissent, et l’âme est engraissée de l’abondance de tous les dons spirituels. Il est offert dans l’Église pour les vivants et pour les morts, afin que serve à tous ce qui a été établi pour le salut de tous. Personne enfin ne peut dire la suavité de ce Sacrement, où l’on goûte à sa source la douceur spirituelle, où l’on célèbre la mémoire de cet excès de charité que le Christ a manifesté dans sa passion. Aussi, pour que l’immensité de cette charité s’imprimât plus profondément dans les cœurs des fidèles, ce fut à la dernière cène, lorsqu’ayant célébré la Pâque avec ses disciples, il allait passer de ce monde à son Père, qu’il institua ce Sacrement, comme le mémorial perpétuel de sa passion, l’accomplissement des anciennes figures, le plus merveilleux de ses ouvrages ; et il le laissa aux siens comme une singulière consolation dans les tristesses de son absence.

 

 

 

 

Lauda Sion

 

Loue, Sion, ton Sauveur, loue ton chef et ton pasteur par des hymnes et des cantiques.

Ose de tout ton pouvoir, car il est plus grand que toute louange et à le louer tu ne suffis pas.

Un thème de louange spéciale, le pain vivant et vivifiant, aujourd'hui nous est proposé.

Lors du repas de la sainte Cène, au groupe des Douze ses frères, il fut donné, n'en doutons pas.

Que la louange soit pleine, qu'elle soit sonore, qu'elle soit joyeuse, qu'elle soit belle, la jubilation de l'esprit.

Car nous vivons ce jour solennel qui de cette table entend célébrer l'institution première.

A cette table du nouveau Roi, la nouvelle Pâque de la nouvelle Loi met un terme à la phase ancienne.

La nouveauté chasse la vieillerie, la vérité l'ombre, la lumière dissipe la nuit.

Ce que fit le Christ à la Cène, il nous ordonna de le faire en mémoire de lui.

Instruits par ses saints préceptes, nous consacrons le pain et le vin, en offrande sacrificielle pour le salut.

Ce dogme est donné aux chrétiens : le pain se change en chair, et le vin en sang.

Ce que tu ne comprends ni ne vois, une ferme foi te l'assure, hors de l'ordre naturel.

Sous diverses espèces, signes seulement et non réalités, des réalités sublimes se cachent.

La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l'une et l'autre espèce.

On le prend sans le déchirer, ni le briser, ni le diviser, il est reçu tout entier.

Un seul le prend, mille le prennent , autant celui-ci, autant ceux-là le consomment sans le consumer.

Les bons le prennent, les méchants le prennent, mais pour un sort inégal, ici de vie, là de ruine.

Il est mort aux méchants, vie aux bons : vois d'une même manducation combien l'issue est dissemblable !

Le sacrement enfin rompu, ne vacille pas, mais souviens-toi qu'il est sous chaque fragment comme sous le tout il se cache.

Nulle division n'est réalité, le signe seulement se fractionne, et par là, de ce qui est signifié ni l'état ni la stature n'est amoindri.

Voici le pain des anges fait aliment des voyageurs, vrai pain pour les fils, à ne pas jeter aux chiens.

D'avance il est signifié en figures, lorsqu' Isaac est immolé, que l'agneau pascal est sacrifié, que la manne est donnée à nos pères.

Bon Pasteur, vrai pain, Jésus, aie pitié de nous ! Toi, nourris-nous, défends-nous ! Fais-nous voir nos biens dans la terre des vivants.

Toi qui sais et peux tout, qui nous nourris ici-bas mortels, rends-nous là-haut les commensaux, cohéritiers et compagnons de la cité des saints. Amen.

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